Il y a encore de par le monde des espaces en métamorphose et des territoires vierges de tout imaginaire cinématographiques. Des cinéastes y puisent des images, des figures et des récits inédits pour habiter ces nouveaux mondes et révéler ainsi leurs failles sensibles.
En accompagnant Mahamat Saleh Haroun lors des repérages de son film Grigris et en revenant dans les lieux de ses anciens film, j’ai essayé de comprendre comment il était possible de fonder la première image d’un pays délaissé par le cinéma dominant.Cette quête nous a mené dans les quartiers populaires de N’Djamena, sur ses marchés, dans ses rues, dans ses anciennes salles de cinéma désaffectées, jusque dans ses égouts… Avec le fleuve pour rêverie et les portes du désert comme horizon.
Dans ce voyage en cinéma, j’ai aussi rencontré le producteur de Putty Hill de Matt Poterrfield qui filme sa ville, Baltimore, entre documentaire et fiction, et Jean Breschand qui prépare son premier long métrage, la papesse Jeanne, road movie à dos d’âne dans la France du XII° siècle. Tous cherchent à fonder les nouvelles mythologies de territoires encore inexplorés :
au fond, c’est à une cartographie du cinéma, de l’ardent désir de film que convie ce documentaire. Haroun en est une figure de proue.